GROTTESQUE

« Il faut bien baiser de temps en temps sinon on se fait chier. » Voilà, on se mâche pas ses mots ici. Les pornophiles invétérés peuvent dès lors contempler notre « salsa erotica » sur Youporn... Friedrich, aurait-il été content ? La veuve sera-t-elle contente ? En tout cas, on lui donne de quoi être jalouse et scandalisée. Le défunt Dürrenmatt, ces jours probablement fantôme Friedrich qui hante son ancienne demeure d’après la dame à l’accueil, se fait convenablement accueillir dans l’univers Grottesque avec un peu d’activité fantomatique sous les draps.

Grottesque est un jeu d’ombre et de lumières, de reflets et d’échos, un va-et-vient entre le réel et le virtuel. Librement inspiré par l’allégorie de la caverne de Platon, qui a inspiré le labyrinthe de Friedrich Dürrenmatt, la performance joue sur de différents niveaux de lecture de ladite allégorie.

Une projection de la grotte dans laquelle un personnage est aux prises avec un grand tronc d’arbre évoque d’une façon absurde, l’absurdité d’une vie sans liberté.

Les images sont projetées sur des corps couverts de draps. Ceux qui sont couverts voient uniquement ce qui leur est projeté dessus. En absence d’image, ils cessent d’être écrans et deviennent simplement fantômes. Des fantômes hommes de caverne il paraît, on n’est pas encore sorti de la grotte...

Ceci prépare le chemin pour des images plus symboliques d’échappement, de traversées de paysages accompagnées par des écrans qui se mobilisent au fur et à mesure, l’image projetée s’avérant de plus en plus instable et fluide.

Ensuite un peu de salsa erotica fantomatica permet à un petit air irrévérencieux de souffler sous les draps. Qui finissent par s’envoler.

Nous nous permettons un moment de réalité qui met l’accent sur le ici et maintenant ainsi que sur la rencontre entre deux personnes et deux univers. Sans image projetée, les deux personnes apparaissent comme elles sont, mais leur rapport n’est pas dépourvu de symbolique. Dans l’allégorie de la caverne, ce moment correspond au prisonnier sorti de la caverne qui s’habitue à une nouvelle réalité.

De retour dans un monde où la frontière entre réel et virtuel semble à nouveau floue : les deux côtés se complètent sans que ni l’un ni l’autre ne domine, mais se nourrissent et permettent de chercher la transcendance d’ une façon ludique et évocatrice.

Rudi van der Merwe