travailler en résidence au Centre Dürrenmatt

Une invitation de Fritz Hauser à venir travailler en résidence au Centre Dürrenmatt, cela ne se refuse pas. C’est même un double honneur pour moi et il va falloir être à la hauteur.

Seule contrainte : musique et mouvement. C’est décidé : le duo sera un invisible trio . Deux sur scène (Rudi van der Merve et moi-même) et une troisième (Luzia Hürzeler) aux manettes de l’écran.

Passé toute la semaine sur place. Des journées à 15 heures de travail par jour:tous à la fois auteurs, réalisateurs et interprètes d’une performance dont on ne connaît encore que le titre « Grotesque ».Apprendre à se connaître en accéléré. Tant de paramètres à régler. Météo, photos de presse, montages, courses, look, cuisine, synopis, lieux de tournage, la grotte : oui, les prés, oui., non ?

Intéressant, intense , éprouvant émotionnellement parfois aussi : tester les limites de l’interdisiplinaire , de la compatibilité de modes de fonctionnement entre les différents champs d’activité: l’artiste (qui travaille seul) le danseur (qui est souvent au service du chorégraphe ) et le musicien ( à la fois leader et sideman):différents modes de travail, rythmes, concomitants ou divergeants. Comment être à la fois exigeant et avoir la souplesse nécessaire pour être à l’écoute et essayer les propositions des autres ( même si on les trouve cheap, plan de m, scénario de m et que « non au grand jamais je ne signerai de mon nom un truc pareil ! »). Différentes personnalités, mais une même volonté de qualité.

Essayer, trier, retester, retrier et se remettre au boulot dès le matin. Intégrer le lac dans le scénario pour enfin s’autoriser à goûter cette eau que l’on voit au loin et s’y immerger tout habillé. Puis retourner la même scène : lui vêtu de sa robe de sa robe à elle , elle de son slip à lui. Dans la grotte, se maculer de charbon et de cendres et danser ( chiche ? toi d’abord !) nus devant la caméra en évitant de se couper les pieds avec les tessons de bouteilles laissés par les fêtards d’avant. Préparer le feu du soir, régler les détails techniques avec l’éclairagiste, la direction, la réceptionniste : oui nous penserons à bien nous enfermer dans le centre et nous n’oublierons pas de laisser la clé à l’endroit convenu de remettre les vitrines en place, de nettoyer soigneusement la machine à café , de ne pas rayer le plancher : que chaque matin tout soit nickel, débarrassé , poutsé : à 11 h le centre ouvre ses portes aux visiteurs.

Mini break : voir par bribes l’expo Pasolini du moment- génial- ou s’imprégner 10 minutes de l’esprit des lieux dans la bibliothèque du maître Et si on prenait son fauteuil pour intégrer son fantôme dans la perfo? Bonne –mauvaise idée… Encore un plan à la Graf.On laisse tomber…

Quand on n’a pas deux mois devant soi, comment trouver le plus grand dénominateur commun et créer ensemble quelque chose de bien, pas juste un meltingpot nivellement par le bas ( genre worldmusic en 4 temps à 120 la noire) à force de compromis douteux et mal assumés ?

Premier élément de réponse (merci Rudi) = pas de censure à la base.. On prends toutes les idées qui viennent et les mauvaises s’éliminent d’elles-mêmes une fois qu’on les a testées.

Question perso : faut-il souffrir pour créer? J’aimerais répondre non.

Question de base : la performance Grottesque sera t’elle pertinente- poétique- drôle –belle- grotesque ?

Réponse en son-mouvement-.images

le dimanche 30 août 2009 à 17 h au Centre Dürrenmatt, Neuchâtel. On vous y attends .

B. Graf le 09.08.09