Hundwil (AR) > Auf der Hundwiler Hoehe
Par Isabelle Klaus le samedi, août 8 2009, 12:00 - 15 AUGUST / Reto Suhner - Lien permanent
15 August 15 Uhr
Duo mit Reto Suhner
Hundwiler Hoehe
De très loin les gens de la région observent à la jumelle le sommet de la Hunwiller Hoehe. Quand le drapeau suisse est en berne, c’est que l’âme du lieu Marlies Schoch est à Locarno au Festival. Le reste de l’année elle est là-haut dans son auberge de montagne.
Le retour de la grande dame
Une évidence s’imposait l’air de
rien : on se rendait à la Hundwiller Hoehe comme en pèlerinage.
Rien de mystique , ni de dogmatique : Marlies Schoch était une personnalité
naturellement exceptionnelle
Là-bas c’était hier et aujourd’hui je suis de retour chez moi à Genève. C’est dimanche soir 20h45. Je décide de descendre acheter des clopes : il va m’en falloir pour rédiger ce billet. Pour trouver le ton juste : ne pas dénaturer la magie de cette rencontre.
En bas de chez moi, on m’alpague : T’as une clope ? Pensive et un peu surprise, je reconnais quelqu’un. Non, mais j’allais justement en acheter.Je suis vers le menhir ajoute t-il. Le menhir se situe dans la zone d’ombre de mon quartier : l’ilôt 13. Au tabac de la gare, je demande si c’est encore ouvert ? L’employé qui termine sa grosse journée me sourit. Je m’excuse de la bêtise de ma question. Puis je ne sais pas quelles cigarettes lui demander.Je termine par lui dire : il y a les conducteurs du dimanche et les fumeurs du dimanche. Je réfléchis . Plus je réfléchis à ce billet que j’écris, plus une évidence s’impose : une petite voix trotte dans ma tête. Elle me dit cette dame est une grande dame et cette rencontre va laisser des traces. Leçons de vie. Comme avec Monsieur Jean. Je passe vers le menhir pour donner la cigarette promise . J’entends une voix . « Ouais j’suis là »Je ne vois personne.T’es ou ? Je ne vois toujours personne. « Ouais j’suis là derrière le menhir » Contre le menhir il y a comme un épouvantail fait d’habits soigneusement disposés Bizarre.La voix vient d’ailleurs Je m’approche . Sa tête sort du buisson de verdure qui fait face au menhir. Il est là couché à terre tappi, presque nu. Moi : qu’est ce que tu fous là ? je lui tends deux cigarettes Lui :(doucement) j’essaie juste de t’expliquer quelque chose,… ( l’air grave) Y a des zombies qui passent , c’est la guerre !
Pas très rassurée je lui dis tout en continuant ma route calmement : je ne regarde pas de films d’horreur c’est pour ça que je ne crois pas aux zombies.
Des personnes comme lui, la grande dame en a soigné. Beaucoup. Elle n’a pas eu d’enfants : pas trouvé la bonne personne « car dans notre société les femmes se retrouvent à tout faire » et pas ressenti le besoin « j’ai beaucoup d’amis , je me sens bien ainsi » Marlies Schoch est la mère de tous. Après avoir été l’institutrice d’en bas et avoir fait la route à pied chaque jour jusqu’au village, elle continue du haut de sa montagne de s’occuper des déshérités, des laissés pour compte. Y travaillent des jeunes en rupture ou ayant eu de graves problèmes de dépendance. Des moins jeunes aux blessures jamais cicatrisées : la perte d’un enfant… « Avant on laissait la nature suivre son cours et si on perdait un enfant sur six, c’était normal, le destin. Maintenant on en perds un et on ne s’en remets jamais. » Culpabilité.
Avec chacun de nous elle s’assure que out va bien que nous ne manquons de rien. Elle prends le temps de questionner , d’écouter.Elle demande par exemple à Masaki s’il est coréen ou japonais : bonne question réponds t’il. Même pour nous c’est difficile de savoir : il n’y a que la langue qui nous permette de nous situer. Elle a habité deux ans au Maroc, elle a failli y rester : les gens sont tellement gentils. Elle est aussi allée à New-York , au Japon. Elle adore le Japon. Maintenant elle voyage à Locarno Elle a besoin de se retrouver entourée de beaucoup de monde pendant un temps donné, pour savourer pleinement le fait de se retrouver ensuite tout reste de l’année sur sa montagne.
Elle savait que le café schnaps de Christian serait de trop après le vin, le jambon à l’os et les myrtilles à la crème et l’empêcherait de bien dormir . Elle n’a rien dit, mais juste glissé au petit déjeuner les yeux pétillants « je pars du principe que quand on a passé 20 ans, on sait ce genre de choses. »
B Graf dimanche 16 août 2009 22h37
Les myrtilles à la crème se méritent.